
Les Légendes du Café et du Thé
Temps de lecture 11 min
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Le café et le thé sont deux boissons mondialement connues et consommées par des millions de personnes tous les jours.
Étant nous-même de grands consommateurs, nous nous sommes demandé comment ces produits avaient été découverts, comment on avait su par exemple qu'il fallait torréfier les graines de cet arbre pour obtenir un tel breuvage!
Et dans nos recherches, nous avons découvert un univers de légendes toutes plus intéressantes (et loufoques?) les unes que les autres.
Voici donc un résumé de ce que j'ai pu découvrir. Avouons que certaines légendes donnent envie d'y croire tellement elles sont funs :D
Hésitez pas à mettre en commentaire vos préférées!
Table des matières
À l'origine, le théier sauvage pousse dans les régions de l’Himalaya (Assam, Yunnan, nord du Myanmar et Thaïlande)
L’histoire du thé est riche de légendes, qui savent nous intriguer et rendre cette boisson millénaire précieuse et mystérieuse.
Chaque pays, de la Chine au Japon, en passant par l’Inde, a de vieilles croyances ont su entretenir le mythe autour de ce breuvage magique.
Faisons un tour d'horizon sur celles connues:
En 2737 Av. J.-C., l’empereur chinois Shennong ou Shen Nong (神農) était réputé pour être médecin, fin botaniste. On le surnommait le père de l’agriculture, ou le « divin moissonneur ».
Afin de lutter contre différentes épidémies de l’époque, il demandait à ce que l’eau soit bouillie avant consommation.
Cet empereur, dans la tradition chinoise, aurait eu le ventre transparent, ce qui lui permettait de suivre les différentes actions des plantes sur son organisme.
Alors qu’il se reposait adossé à un arbre, assis à côté d’un chaudron rempli d’eau frémissante, des feuilles de théier portées par le vent seraient tombées à l’intérieur du chaudron.
L’eau se serait teintée rapidement, donnant une saveur inconnue et délicieuse à l'eau.
En observant son ventre transparent, l’empereur chinois Shennong s’aperçut de tous les agents bienfaiteurs contenus dans cette étrange plante.
On dit qu’il en fut si impressionné que le thé devint une denrée de base dans la culture chinoise.
Au VI° siècle, le prince Bodhidharma, 3ème fils du roi Kosjuwo, eut un jour une révélation: il devait voyager en Chine afin de prêcher les préceptes du bouddhisme.
Il fît alors le vœu de ne pas dormir durant son périple, soit 9 années.
À la fin de la 3ème année, épuisé et sur le point de s’endormir, il cueillit quelques feuilles d’un arbuste et les mâcha. Il sentit tout de suite les vertus tonifiantes, et récolta donc d’autres feuilles, les utilisant pour finir son voyage et rester éveillé durant les dernières années.
Il s’agissait d’un théier.
On dit aussi qu’à la fin de ses 9 ans de méditation, Bodhidharma arriva à un état de grâce où il se confondit avec l’univers, comprenant et ressentant l’absolu. A force de fixer un rocher, son image s’y grava.
La légende veut que ce soit le fondateur de tous les arts martiaux et du fameux temple Shaolin.
Elle est quelque peu différente de la version indienne. Le prince Bodhidharma, épuisé, se serait endormit après 3 années de périple.
À son réveil, honteux de sa faiblesse et en colère contre lui-même, il se coupa les paupières et les jeta violemment à terre.
Quelques années plus tard, il revint et s’aperçu qu’un arbuste qu’il ne connaissait pas avait poussé à l’endroit exact où il avait jeté ses paupières. Intrigué, il en goûta les feuilles et se rendit compte qu’elles avaient les propriétés de rester éveillé. C’était un théier. Il en parla à son entourage et on prit l’habitude de cultiver le thé aux endroit où le Prince passait. La philosophie de Bodhidharma deviendra au XIème siècle la philosophie zen au Japon.
La science et les légendes sur l’origine du thé s’accordent quant à sa localisation, mais ont des avis divergents concernant sa naissance dans le temps.
Selon les spécialistes, l’origine du thé se situe dans un espace relativement vaste comprenant la région d’Assam (au Nord de l’Inde), le nord de la Birmanie, du Laos, du Vietnam et du Yunnan (au Sud-Ouest de la Chine).
C’est au Yunnan que l’on trouve le théier le plus vieux cultivé par l’homme, datant de plus de 3000 ans.
Toutefois, de récentes études archéologiques, ont mis à jour l’existence de théiers cultivés il y a 6000 ans en Chine dans le Zhejiang.
Les premières traces écrites remontent à 200 ans avant J.-C.. Le thé y est alors décrit comme une plante médicinale.
L’art du thé et de l’infusion remonterait au VIIIème siècle, avec différentes méthodes de production, de transformation et de dégustation.
Source: Le livre "Le thé pour les nuls", disponible ici
Source texte: le livre “J’adore le thé”, disponible ici.
Tout comme le thé, le café a inspiré bon nombre de légendes. Voici les plus connues et répandues.
Un jour, un ermite d’Abyssinie (Éthiopie), très vieux et très pieux, finit par sombrer épuisé dans un profond sommeil, tellement occupé à prier, jeûner et faire pénitence.
À son réveil, il constata avec stupeur que le bâton sur lequel il était appuyé avait pris racine, et que des feuilles et des fruits rouges avaient poussés.
Ce fut la création du premier caféier.
Sans doute la légende la plus connue et racontée. Cette version apparaît pour la première fois à Rome autour de 1671 via Antoine Faustus Nairon.
Environ 850 ans avant notre ère, Kaldi était berger au Yemen.
Un jour, Kaldi, qui faisait paisiblement paître ses chèvres, douces et obéissantes, sur les terres d’un monastère au Yémen, les aperçut manger des baies rouges issues sur un arbuste sombre.
Quelques minutes plus tard, les chèvres sautaient partout et semblaient bien plus vives que d’habitude.
Intrigué, le berger s’en alla au monastère et raconta son aventure aux moines, qui décidèrent immédiatement de préparer une infusion.
Ils constatèrent qu’ils pouvaient prier bien plus longtemps sans ressentir les effets de la fatigue.
Quelque temps après, l’un d’entre eux revint de la récolte un jour de pluie. Il mit donc une branche à sécher sur le feu, et l’oublia.
En revenant trouver sa branche, il apprécia avec délectation l’odeur qui s’échappait des graines grillées.
Il les réduisit donc en poudre avant de les faire infuser : ce fut, selon la légende, le tout premier café torréfié.
Une autre figure historique, bien réelle cette fois, mérite sa place dans l’histoire du café : le soufi Ali ben Omar al-Shadhili .
Au XVe siècle, il est considéré comme le premier à avoir exporté du café depuis l’Éthiopie vers le Yémen , via le mythique port de Moka .
Grâce à lui, le café devient un produit de commerce et de culte dans le monde musulman. Il serait aussi à l’origine des premières écoles soufies qui utilisaient le café pour favoriser la concentration et l’éveil spirituel lors des prières nocturnes.
Un jour, un feu de forêt en Abyssinie (Éthiopie) toucha de nombreux caféiers.
Ils dégagèrent alors une odeur si bonne que les habitants, dès le feu éteint, allèrent en récupérer les grains.
Ils les pilèrent puis les infusèrent dans de l’eau et découvrirent ainsi le goût si particulier ainsi que les vertus du café.
Un jour, un feu de forêt en Abyssinie (Éthiopie) toucha de nombreux caféiers.
Ils dégagèrent alors une odeur si bonne que les habitants, dès le feu éteint, allèrent en récupérer les grains.
Ils les pilèrent puis les infusèrent dans de l’eau et découvrirent ainsi le goût si particulier ainsi que les vertus du café.
Un jour, un homme nommé Omar, expulsé de la ville de Moka au Yémen, se retrouva à errer dans le désert.
À bout de force, il aperçut soudain un oiseau très agité sur un arbuste en train d’en manger ses fruits, qui s’envola à son approche.
Omar décida alors de se préparer une boisson avec les fruits de cet arbre, la bu et se sentit soudain beaucoup mieux.
Plus tard, il rencontra un pèlerin qui se rendait à Moka, avec lequel il partagea sa découverte, et ce dernier, aussitôt arrivé dans la ville, célébra les louanges de l’homme ingénieux.
La population le ramena alors au village et le porta en triomphe.
Un jour, le prophète Mahomet, très malade, eut une apparition de l’ange Gabriel envoyé par Allah.
Pour l’aider à se rétablir, l’ange offrit à Mahomet un breuvage noir qui lui redonna immédiatement toute son énergie : le café.
Dans l’heure qui suivit, on raconte que Mahomet triompha de 40 cavaliers, et honora 40 femmes.
Il appela cette boisson « Quava » (prononcer kawa), mot toujours utilisé au Moyen-Orient pour désigner toute boisson provenant d’une plante ou d’un fruit.
Au-delà des légendes de découverte, le café est aussi à l’origine de rituels sociaux fascinants. L’un des plus anciens est la tasséographie , ou l’art de lire l’avenir dans le marc de café. Cette pratique aurait vu le jour dans l’Empire ottoman, au sein des harems, où les concubines utilisaient cette forme de divination comme un prétexte pour discuter et tisser des liens.
Le marc, laissé au fond d’une tasse de café turc, formait des motifs que l’on interprétait comme présages. Encore aujourd’hui, cette tradition perdure dans certains pays du Moyen-Orient, et contribue à l’aura mystique du café.
Au XVIIe siècle, en pleine domination ottomane, le Yémen conserve jalousement le monopole du café. Les grains verts (non torréfiés) sont strictement interdits à l’exportation afin de préserver cette richesse commerciale.
C’est alors qu’intervient Baba Budan , un sage soufi originaire de l’Inde. Lors d’un pèlerinage à La Mecque, il découvre le qahwa yéménite et en tombe littéralement amoureux. Persuadé de devoir ramener ce trésor dans son pays, il prend un risque immense : il dissimule sept grains de café verts dans sa ceinture ou sa barbe (les récits varient), bravant ainsi l’interdiction stricte des autorités locales.
De retour dans le sud de l’Inde, dans les montagnes de Chikmagalur , il plante les grains dans les collines qui porteront bientôt son nom : les monts Baba Budan .
Grâce à cet acte audacieux, l’Inde devient l’un des premiers pays producteurs de café en dehors de la péninsule arabique. Aujourd’hui encore, les plantations de cette région perpétuent son héritage, et Baba Budan est vénéré non seulement comme un saint, mais aussi comme le pionnier du café indien .
Les spécialistes s’accordent sur le pays d’origine du café.
C’est en Ethiopie, dans la région de Kaffa, que les premiers caféiers furent cultivés et que le café commença à être consommé.
Ali Ben Omar Al-Shadili, considéré comme le patron des cultivateurs et consommateurs de café, semble être à l’origine de l’exportation du café.
On lui attribue au XVème siècle la construction d’un petit port qui appartiendra ensuite à la future ville de Moka.
Le port de Moka conservera pendant longtemps le monopole du commerce de café, en particulier les livraisons à destination de l’Europe.
Source : Le livre "L'Histoire du Café", disponible ici.
Derrière ces légendes se cache une vérité scientifique : la molécule de caféine , parfois appelée théine dans le thé, est le composé actif principal de ces boissons. Isolée en 1819 par le chimiste allemand Friedlieb Runge , la caféine agit comme un stimulant du système nerveux central , améliore la vigilance et réduit la somnolence.
Elle est aussi diurétique , peut accroître temporairement la tension artérielle, et influence même la libération de dopamine. Bien que présente dans le café et le thé, elle agit différemment selon la boisson : l’absorption de la caféine du thé est ralentie par les tanins, offrant une stimulation plus douce et prolongée.
La recherche médicale s’est penchée sur les effets du café et du thé. Les études convergent : consommer 3 à 4 tasses par jour est sans danger pour la plupart des adultes en bonne santé, et peut même réduire certains risques cardiovasculaires, cognitifs ou métaboliques.
Cependant, des précautions sont de mise pour les femmes enceintes , les personnes cardiaques ou anxieuses , ainsi que celles souffrant de troubles du sommeil. Les boissons à base de caféine restent à éviter en excès, surtout en fin de journée.
Ces légendes sont-elles vraies ou mythes ?
La plupart sont des récits folkloriques transmis oralement — comme Kaldi et ses chèvres ou Bodhidharma au Japon. Ce sont davantage des symboles culturels que des faits historiques. Toutefois, ils illustrent bien comment humaines et traditions ont façonné notre relation à ces boissons.
Pourquoi retrouve-t-on des légendes semblables dans différentes cultures ?
Parce que café et thé ont voyagé des régions de leur origine (Éthiopie, Yunnan, Assam) vers le monde entier. Chaque culture a enrichi ces histoires à sa manière, parfois en modifiant des détails — par exemple la découverte du thé par Bodhidharma en Inde puis au Japon.
Y a-t-il un fond scientifique dans ces contes ?
Oui, mais souvent différent de la partie légendaire. La science situe les origines géographiques (Yunnan pour le thé, Éthiopie pour le café) et sur des périodes précises : par exemple, thé cultivé il y a 3 000 à 6 000 ans en Chine, café domestiqué en Éthiopie (région de Kaffa).
Ces légendes ajoutent-elles de la valeur au café et au thé d’aujourd’hui ?
Absolument ! Elles nourrissent notre imagination, renforcent l’expérience sensorielle, et créent un lien émotionnel. Se délecter d’un espresso ou d’un sencha, c’est aussi voyager à travers ces récits, et ressentir la richesse culturelle et historique qu’ils véhiculent..
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